INTRODUCTION AUX ŒUVRES COMPLÈTES DE LUIGI



Les zones précises où ranger ses projets, flottaient dans le crâne de Luigi Éden-Théa comme les restes boisés d'un naufrage sur une grève inconnue. Petits astéroïdes mentaux, ils ricochaient entre les parois de sa tête et celles du vaste monde, tournant par instant sur eux-mêmes, éclipsant des soleils, et se mettant en orbite autour d'une quelconque planète inhabitée, d'un objet politique instable ou d'une question sans réponse, revenant ainsi naturellement à leur nuit originelle et sacrée. Il n'y a pas d'hémisphères au cerveau, pas de côtés. Il n'y a pas de zones précises où l'on puisse dire que les choses se passent ou ne se passent pas. Il n'y a que des marécages, des traits ondulés sur le rebord des cartes. Luigi Éden-Théa n'était que le valétudinaire de ces marais. L'auteur improbable de ces cartes aussi futiles que des notes prises dans un carnet de moleskine — formes de nuages, traces sur le sable, lettres incrustées sur la buée des fenêtres. Il paraît que, gauchers ou droitiers, pour chaque homme tué les proto-gangsters de l'Ouest américain faisaient une encoche à la crosse de leur révolver. Selon la légende Billy-le-Kid en aurait eu 14, chiffre magique selon Luigi. Et cetera.

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